De nombreux instruments fonctionnant sur le même principe que la clarinette existaient au Moyen-Âge, il suffit d’un tube cylindrique surmonté d’une anche simple battante.
La vèze
On trouve au Moyen-âge un instrument très répandu, qui existait certainement dès le Vème siècle avant J.-C. en Grèce, appelé la vèze. C’était un tuyau cylindrique courbe, surmonté d’une outre (souvent faite de vessie de porc) contenant une anche simple (ou parfois une anche double).
Il semblerait que la vèze soit à l’origine d’un autre instrument intégrant des anches simples, la cornemuse. Elle apparaît au début du Moyen-âge, en développant l’outre de la vèze, et en multipliant le nombre de tuyaux. Une cornemuse française du XVIIème siècle décrite par Marin Mersenne dans son Harmonie Universelle comportait un tuyau mélodique à anche double et deux bourdons (un petit et un grand) à anche simple idioglotte.
Le chalumeau de la cornemuse
Pour vérifier la qualité de leurs anches, les joueurs de vèze ou de cornemuse démontaient leur instrument de façon à souffler directement à travers l’anche en la mettant dans la bouche. On appelait ce tube le « chalumeau ». D’où le double sens de ce mot, qui désignait soit une partie de la vèze ou de la cornemuse, soit l’instrument chalumeau à part entière.
Le chalumeau
On trouve le chalumeau, instrument folklorique d’Europe, du Moyen-âge jusque vers 1750. On le considère comme l’ancêtre direct de la clarinette moderne. La plupart des chalumeaux mesuraient environ 20 cm contre 67 cm pour la clarinette en si bémol actuelle. Ils avaient 6 trous sur le dessus et un dessous, pour le pouce. L’anche était encore taillée directement dans l’extrémité supérieure de l’instrument, comme dans l’Antiquité, et n’était donc pas amovible. Selon les époques et les régions, l’anche était soit directement dans la bouche du musicien, soit dans une petite boite en bois surmontée d’un tuyau servant d’embouchure.
Au Moyen-âge, c’était essentiellement les paysans et les musiciens folkloriques qui jouaient du chalumeau. Ils le fabriquaient d’ailleurs eux-mêmes et les facteurs d’instruments ne s’y sont pas vraiment intéressés. Les instruments à anches doubles qui avaient l’avantage pour les musiciens de l’anche amovible se sont plus rapidement perfectionnés. Ainsi, quand apparaîtra plus tard la clarinette, les fabricants utiliseront certes l’anche simple du chalumeau, mais s’inspireront des techniques de fabrication acquises sur les instruments à anche double.
Un peu de vocabulaire…
Au XIIème siècle, en France, on trouve les noms suivants pour désigner le chalumeau (l’orthographe n’était pas fixe comme de nos jours), qui ont tous la même racine latine calamus : chalumeau, chalemeau, chaleumeau, chaleumiau, chalemel, canameau, cannebaux, canimeaus, chalemiaus, chalemelle, chalemele, chalemie, chalemye, chalemise, chalemine, canamelle, kalemele, qualemele, schalmaye…
Autres articles sur l’histoire de la clarinette :
- Les ancêtres de la clarinette (1) : L’Antiquité
- Les ancêtres de la clarinette (2) : Le Moyen-Âge
- Les ancêtres de la clarinette (3) : Le chalumeau baroque
- L’invention de la clarinette
- Les premières années de la clarinette
- L’essor de la clarinette
- Mozart et la clarinette
- La clarinette au XIXème siècle
- L’apparition de la clarinette moderne
- Ecole française, école allemande
- La clarinette, un instrument abouti ?
Sources de cet article : voir la page Bibliographie.